Vive les vacances, surtout celles d’été qui nous offrent une pause bien méritée dans des années de plus en plus chargées. Mais est-ce réellement une augmentation d’activité, ou une simple concentration d’activités dans un laps de temps réduit ? En effet, la pénurie de manipulateurs entraîne la fermeture des équipements et donc une réduction de l’offre en termes de durée, condensant ainsi les activités sur une plage horaire plus restreinte. Au final, la recherche de l’amélioration des services rendus aux patients (notamment la réduction des délais d’attente) et l’optimisation des équipements conduit à une productivité accrue, parfois même excessive. La France est championne du monde en productivité en scanner et IRM, tant au niveau européen que mondial. Cela soulève la question du risque inhérent à cette activité intense.
Les patients sont exposés à plusieurs risques : un manque de pertinence des examens en raison d’un temps insuffisant pour analyser les demandes, l’application incorrecte des protocoles car les manipulateurs n’ont plus le temps de les suivre rigoureusement, le non-respect des contre-indications faute de temps pour interroger correctement le patient en IRM, des erreurs de lecture des examens par les radiologues, et une prise en charge inadéquate par impossibilité pour les radiologues de rencontrer les patients.
Les professionnels ne sont pas en reste, subissant une perte de sens de leur activité, désormais orientée vers la productivité plutôt que les soins. Cette perte de sens conduit à des démotivations, des départs, des burn-out, et des accidents. Le “toujours plus” nous contraint à un exercice non optimal.
Le temps des vacances est donc propice à la réflexion sur nos pratiques. Pour l’équipe d’accréditation des radiologues, c’est l’occasion de transformer le référentiel de risques de la spécialité afin d’intégrer la santé au travail et les relations avec les patients. Ces deux piliers sont inscrits dans la certification périodique des professionnels de santé, certification obligatoire depuis janvier 2023, à laquelle le programme d’accréditation des équipes permet de répondre. Au-delà des programmes, nous, radiologues, devons prendre en main notre métier pour le recentrer sur les soins et non sur l’industrialisation de la production lucrative. Dépister, diagnostiquer, suivre, traiter les pathologies, soigner tout simplement les patients avec la qualité requise, selon les principes du référentiel métier revu en 2022, voilà ce que nous devons faire pour la rentrée. Ces actions seront validées par l’accréditation des équipes et non par la simple satisfaction de critères administratifs.
Nous vous souhaitons un bon repos et une belle rentrée. Rendez-vous aux JFR pour échanger autour de l’accréditation des équipes en radiologie.
Très amicalement,
Jean-Paul Beregi, Claire Boutet pour l’équipe d’accréditation des équipes (ODPC-RIM)